jeudi 14 février 2008



Hommage
Abderrahmane Mahmoudi reste vivant par ses écrits
Le 15 février 2007, Abderrahmane Mahmoudi tire sa révérence. Cela fait un an.
Il meurt à l’âge de 54 ans, des suites d’une longue maladie, laissant derrière lui une carrière riche et dense, deux journaux (un hebdomadaire et un quotidien), des livres, une veuve et quatre enfants. Sa disparition est, de l’avis de plus d’un, une perte incommensurable pour le monde de la presse. « Mahmoudi était l’incarnation même du journaliste engagé, un moudjahid d’aujourd’hui, un politique viscéralement attaché à la patrie et à la souveraineté nationale », témoigne avec beaucoup d’émotion et de compassion Nadjib Stambouli, directeur de la rédaction du Jour d’Algérie et ami de longue date du défunt. Il était connu par sa rapidité dans l’écriture, son talent et son dévouement à sa profession. Il travaillait et lisait énormément », ajoute-t-il. M. Stambouli retient également du défunt Mahmoudi cet « homme courageux et d’une grande humilité ». « Alors qu’il était fondateur et directeur de la publication du Jour d’Algérie et moi le directeur de la rédaction, il me disait : ‘Nadjib, je suis un journaliste au service de ta rédaction.’ Il m’est ainsi arrivé de lui demander un travail, des articles, des entretiens », souligne M. Stambouli pour lequel Mahmoudi était « un être exceptionnel, qui ne laissait personne indifférent ». Titulaire d’une licence en droit en 1975, Dahmane, comme l’appelaient ses camarades à la fac, fait ses premiers pas dans la presse au journal l’Unité. Après, il change carrément de domaine, rejoignant le secteur du tourisme. Mais sans tarder, Mahmoudi constate qu’il n’était pas voué pour le travail de l’administration, mais plutôt pour l’écriture. Le journalisme. Il revient ainsi dans le milieu de la presse où il fait un court passage à El Moudjahid avant de rejoindre le grand hebdomadaire Algérie Actualité. Quelques années suffisent à Mahmoudi pour se distinguer par sa plume percutante et « combattante », comme aiment à la qualifier ses amis. « On ne sait pas s’il était un journaliste politique ou un politique qui fait du journalisme tellement son engagement était fort », souligne M. Stambouli, affirmant cependant qu’il était passé de « la gauche à la droite ». « Mais il était sincère dans tous ses écrits. Il les assumait et disait que l’être humain évolue et change », atteste notre interlocuteur. Pour mieux illustrer « le courage physique et intellectuel » du défunt, M. Stambouli évoque l’attaque terroriste perpétrée le 21 mars 1994 contre le siège de l’Hebdo Libéré, journal fondé par le défunt Mahmoudi, quelques années après l’ouverture du champ médiatique et suspendu par décision politique en 1994. « Après être descendu pour constater le carnage terroriste qui a emporté deux de nos collègues et son propre jeune frère, il est remonté au siège du Golfe et ses premières paroles furent : ‘Ecoute, j’aurai trois heures de retard pour l’édito’ (on était lundi, jour de bouclage) », raconte-t-il. Nombreux professionnels de la presse, qui l’ont connu et côtoyé, admettent qu’il était imprégné et imbibé jusqu’à la moelle de la plume, du journalisme militant et de combat. Il était moins animateur de rédaction que chef de troupe. Benyoucef Mellouk, l’homme qui a fait éclater au grand jour le scandale des magistrats faussaires, reconnaît en lui cet homme « grand défenseur de la liberté de la presse ». « Lorsque je voulais rendre public le dossier des magistrats faussaires, il était le premier à le publier. Cela lui a valu, à lui comme à moi, quelques jours de prison. Il était d’un courage extraordinaire. Depuis sa disparition, je n’ai pas vu un autre journaliste qui fait preuve d’une telle bravoure », souligne M. Mellouk. Sa famille continue de le pleurer. « Il m’a laissé un vide immense à la maison et au journal », témoigne sa veuve Naïma Mahmoudi, qui gère les deux titres, Le Jour d’Algérie et Les Débats, depuis son décès. « Je n’aime pas parler de lui au passé. Pour moi, Dahmane est encore en vie. Il est toujours présent, vivant par ses idées, par les écrits qu’il a laissés, par ses œuvres… », poursuit-elle, les yeux larmoyants. « Il était un homme de cœur et de conviction. Un nationaliste », ajoute-t-elle. Une année après son décès, Mahmoudi est toujours en « vie ». « Pour moi, la meilleure manière de lui rendre hommage, de le vénérer, est de maintenir les titres qu’il m’a laissés, de les développer et surtout de rester fidèle à la ligne éditoriale qu’il a fixée », précise sa veuve. Connu surtout en tant que journaliste, Abderrahmane Mahmoudi a produit des livres. La presse algérienne, Les nouveaux boucs émissaires, Sous les cendres d’octobre et Les financiers de la mort sont quelques livres qu’il a ajoutés au patrimoine littéraire national. La face cachée du mensonge est son premier roman. Dans ce livre, Mahmoudi passe en revue les modalités de fonctionnement du secteur de l’information du temps du parti unique et évoque le combat sans relâche des journalistes algériens pour consacrer le sacro-saint principe de la liberté d’expression. Dans son livre Les financiers de la mort qui traitait justement du phénomène du terrorisme, Mahmoudi établit un lien étroit entre terrorisme et intérêts économiques. Polémiste aux critiques acerbes, Mahmoudi reste un homme d’action qui a toujours su défendre les causes justes.
M. A. O.

alwatan

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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