jeudi 14 août 2008

Une semaine après le coup d’Etat en Mauritanie : Les militaires promulguent une ordonnance «constitutionnelle»




Le nouvel homme fort de la Mauritanie ne semble montrer aucun empressement à organiser, dans «les plus courts délais», de nouvelles élections pour désigner un remplaçant à celui qu’il vient d’écarter du pouvoir. Pour preuve, le Haut conseil d’Etat a promulgué lundi une ordonnance constitutionnelle qui lui permettra d’exercer pleinement le pouvoir exécutif, en l’absence d’un «président de la république». L’ancien titulaire de ce haut poste reste, d’autre part, le seul prisonnier des militaires après la libération de ses quatre autres compagnons.
Ordonnance constitutionnelle, secrétaire permanent, redressement… Autant de mots qui ont fait ressurgir chez les Mauritaniens le souvenir du premier coup d’Etat militaire. Le 10 juillet 1978, le colonel Mustapha Ould Mohamed Salek ouvrait un feuilleton, dont le dernier, mais certainement pas l’ultime épisode s’est joué le 6 août dernier.
Ainsi le général Mohamed Ould Abdelaziz, qui, soit dit en passant, a démenti avoir déclaré à l’agence de presse américaine AP sa volonté de se présenter aux prochaines élections présidentielles, a promulgué lundi soir une ordonnance qui tiendra lieu de «Constitution» pour le Haut Conseil d’Etat. Ce texte garantit la continuité de toutes les institutions du pays mais aussi les libertés individuelles et de presse.
Il intervient à un moment où la tension est montée d’un cran entre Paris et Nouakchott. La France, premier partenaire économique de la Mauritanie, a en effet décidé de suspendre drastiquement son aide. Cette dernière se limitera désormais à l’humanitaire. Et ce malgré l’envoi d’une délégation à Paris pour expliquer les tenants et aboutissants du dernier putsch
Toujours dans le cadre du ballet diplomatique, dont Nouakchott est le théâtre ces derniers jours, Mansouri Yacine, patron de la Direction générale de la documentation et des études, a été reçu lundi, par le général Ould Abdelaziz
L’émissaire spécial du Roi Mohammed VI a surtout remercié les nouvelles autorités du pays pour avoir répondu favorablement à l’appel du Maroc en vue de la libération de certaines personnalités politiques arrêtées en même temps que Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
La demande marocaine, au-delà de son caractère humanitaire évident, s’expliquerait peut-être aussi par la présence, parmi les prisonniers, d’Ahmed Ould Sidi Baba, frère de l’ancien président du Parlement marocain et député durant plusieurs années de Goulimine, feu Dey Ould Sidi Baba. En plus d’Ahmed Ould Sidi Baba, nommé il y a moins de deux mois président du Conseil économique et social par le président déchu, il y avait aussi l’ancien Premier ministre Yahya Ould Mohamed El Waqf, son ministre de l’Intérieur Mohamed Ould Rhzeïzem et Moussa Fall directeur chargé la réinsertion des anciens réfugiés négro-africains revenus en Mauritanie.
Dès sa sortie de prison, l’ancien Premier ministre s’est directement rendu au meeting organisé par un quatuor de partis politiques opposés au coup d’Etat du 6 Août.
Mardi, le Haut conseil d’Etat a annoncé la nomination du Colonel Ahmedou Bemba Ould Baye comme Secrétaire Permanent de cette instance. Ce poste signifie, en jargon militaro-politique, porte-parole.

Mohamed Ould Boah
albayane du maroc

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